Rentrée littéraire (7)



J'avais déjà beaucoup aimé "le club des incorrigibles optimistes", son avant dernier roman ; je peux dire que j'ai été charmé par "la vie rêvée d'Ernesto G."
Un peu intimidée au début par ces 500 pages, je me suis laissée happer par ce tourbillon romanesque et ai tourné la dernière page avec un petit pincement au coeur.

Ce roman est celui d'un homme mais aussi celui d'une époque.
Joseph K. nait en 1907 dans une famille de la bourgeoisie praguoise. Marchant sur les traces de son père, il devient médecin et part sur son injonction finir ses études à Paris. Évoluant dans le Paris des années folles, Joseph K. apparaît comme un jeune homme volage, amoureux de tango et de Luis Gardel. Cependant, il est aussi un chercheur remarquable qui devient médecin à l'Institut Pasteur de Paris dans le département des maladies infectieuses. Pacifiste convaincu, il préférera aller exercer à l'Institut Pasteur d'Alger plutôt que de prendre part à la guerre d'Espagne. La seconde guerre éclatant, il y sera en relative sécurité jusqu'à la fin.
Apprenant les bouleversements de l'Europe suite à la chute du IIIème Reich, il décide de enfin de rentrer à Prague pour y revoir son père. Prenant tous les moyens de transports possibles et inimaginables, traversant des pays en ruine, il arrive devant l'immeuble de son enfance  miraculeusement debout mais sans plus personne pour l'attendre.
Fasciné par l'idéologie communiste récente, il restera à Prague pour y exercer sa fonction de médecin. Mais très vite, il connaîtra les désillusions liées à ce régime et ni lui, ni sa famille ne seront épargnés. Exilé au fin fond de la Bohême, il croisera brièvement un autre paria de la Révolution dont le désenchantement est encore plus grand : il ne reste plus rien de ce grand guérillero dans cet homme malade et affaibli que Joseph doit soigner. Et pourtant, il va marquer de son empreinte indélébile toute la famille du médecin à plus d'un titre.
Après cet épisode tragique qui mettra tout le monde en danger, Joseph, détaché des contingences matérielles vivra encore assez longtemps pour pouvoir assister à la chute du mur et retrouver sa femme perdue dans la tourmente communiste.

Ces quelques lignes ne sont qu'un bref aperçu de la richesse du récit de J.M Guénassia. Traversant le siècle et les régimes, Joseph K. est un spectateur détaché des grands changements historiques et des désillusions qui leur sont attachées. De même, l'atmosphère qui devient délétère dans le dernier tiers du roman nous glace littéralement le sang et nous fait penser de loin au superbe film de Florian Von Donnesmarck "la vie des autres".

Du même auteur

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Sur Ernesto G.



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Le fils rouge de Joseph K.


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