Comité de lecture de novembre 2012

Malgré une  participation peu nombreuse, les échanges ont été, comme d'habitude,  très riches et ont pu alimenter nos P(iles)A L(ire) respectives.
Nous avons commencé par deux coups de cœur de lectrices :

  • Laurent Gaudé – Pour seul cortège

"Alexandre (le Grand de Macédoine), Drypteis (sa jeune belle-sœur, veuve de son ami d’enfance) et Ericleops (messager de grande confiance) sont les trois personnages principaux de ce roman étrange dont les récits et les destins s’entrecroisent, s’entremêlent.
Le roman relate la fin de leur histoire, celle des quelques semaines qui ont précédé et suivi la mort d’Alexandre* (né en -356 av J.C. en Macédoine, mort en -323 av J.C. à Babylone à l’âge de 32 ans)
Amis, ennemis, amour, haine, trahison, malédiction, poison, or, pouvoir… tous les ingrédients d’un récit épique, qui circule en long et en large à travers l’empire d’Alexandre : de la Macédoine à l’Indus, d’Afghanistan à l’Égypte en passant par Babylone.
Description fabuleuse du cortège mortuaire qui ramène Alexandre de Babylone vers la Macédoine, sa terre natale, pour y être enterré. 64 mules, un catafalque en or, des guerriers et sept groupes de trente femmes en deuil : les pleureuses qui vont l’accompagner jusqu’à la tombe. Des Macédoniennes et des Grecques. Des Égyptiennes. Des Perses. Des Indiennes… Mais celui-ci n’est pas le cortège évoqué dans le titre. Après bien des rebondissements , des trahisons entre anciens amis pour accaparer le pouvoir, Drypteis récupère le corps et sillonne à nouveau l’empire, accompagnée de deux fidèles généraux, pour aller cacher le corps.

La mort est un thème récurrent dans l’œuvre de Gaudé. Il fait parler les morts qui communiquent avec les vivants. La mort du Roi Tsongor (2002), La Porte des Enfers (2008) en sont les romans les plus explicites. L’errance est également évoquée dans Eldorado (2006), son roman le plus dur car le plus actuel retraçant l’immigration douloureuse vers Lampedusa et Ceuta. Dans Ouragan (2010) les personnages poussés par Katrina en Louisiane se croisent dans la ville sans jamais se retrouver.
Tous ces ouvrages sont à la bibliothèque de Sancoins. Alors plongez-vous avec délice dans l’univers extra-ordinaire de Laurent Gaudé.
Son écriture est incisive, très évocatrice. Il crée des ambiances très particulières qui captent le lecteur. C’est une écriture brutale, tripale. C’est une écriture « orale » qui fait penser aux contes des griots africains, des légendes, des fables qui flirtent avec le fantastique."

  • Julie Otsuka - Certaines n'avaient jamais vu la mer


"J'ai été bouleversée par ce récit qui nous fait vivre l'histoire de ces femmes japonaises, immigrées aux Etats-Unis au début du siècle. J'ai été fascinée par l'écriture originale et particulièrement habile de l'auteure qui n'utilise que la première personne du pluriel, un "nous" lancinant qui permet de démultiplier les protagonistes. Il y a un foisonnement assez étourdissant d'évocations dont aucune n'a l'épaisseur d'un personnage dont on suivrait le parcours individuel. Les traits particuliers de ces femmes sont à peine esquissés, on les sent simplement prises dans les rets d'un destin commun avec lequel elles tentent de composer, chacune à sa manière. On passe du rire aux larmes, d'un sentiment d'horreur à une impression de de surprise et de légèreté. Un peu déroutée au début de ma lecture, j'ai été peu à peu envoûtée par le style de Julie Otsuka. Bien au delà d'une page d'histoire, elle parvient à éveiller notre compassion à l'égard de tous les exilés de ce monde. A la fin du récit on se dit que nous sommes tous des exilés dont l'individualité importe peu. Nous tentons aussi de composer avec les tourments de la vie avant que la mort et l'oubli viennent balayer nos pitoyables destins. Ce livre a la beauté d'une tragédie moderne."




Nous avons ensuite enchaîné sur trois autres romans :



  • Pierre Chazal - Marcus


Où le roman du coeur.


Pierrot, écorché vif au cœur tendre prend en charge le fils d'une de ses amies décédée. Le petit Marcus va entrer dans sa vie par hasard et prendre une place de plus en plus importante.

Le roman se passe dans le nord de la France, dans les faubourgs ouvriers de Lille. On y croise des gens simples, au cœur sur la main, avec un grand sens du partage et de l'entraide. Mais le roman ne sombre jamais dans l'angélisme et c'est ainsi que le lecteur reçoit la seconde partie du roman comme une grande claque. Car Pierrot se retrouve en détention préventive et se retourne sur son passé.
Le style est direct, sans fioritures, les personnages sont simples.
Un bon moment à passer.








  • Lionel Duroy - L'hiver des hommes
 « Nous croyons qu’à rompre avec la source du mal nous allons pouvoir inventer notre propre vie et apporter le bonheur à nos enfants », écrit-il, « alors que nous sommes faits de ce mal et qu’ainsi il continue de nous habiter et de nous ronger quoi que nous décidions, et quel que soit l’endroit du monde où nous allions nous réfugier. »
(source: Babelio)

Après le suicide de la fille du général Mladic, Marc, reporter, va suivre les traces des criminels de guerre serbes pour essayer de comprendre ce qui a poussé les hommes dans la guerre.

C'est un roman dur et bouleversant sur les réalités des conflits armés.

Du même auteur, la bibliothèque possède également "Le chagrin"



  • Rebecca Makkai - Chapardeuse 
 

Où comment une bibliothécaire jeunesse se fait embarquer dans un voyage un peu farfelu par un jeune lecteur.


Tous les jours, Ian vient chercher sa provision de livres. Interdits par sa mère car évoquant le merveilleux et la magie, ils lui sont prêtés sous le manteau par Lucy, une bibliothécaire jeunesse idéaliste et très à cheval sur le premier amendement de la constitution américaine. D'ailleurs, ce petit acte de résistance quotidien lui fait un bien fou car elle étouffe un peu dans cette petite vie bien rangée.

Une complicité telle se noue entre Ian et Lucy qu'au moment de fuguer, le premier n'hésite pas à kidnapper la seconde et à la faire un peu chanter. 
Ce sont alors de drôles de Thelma et Louise qu'on retrouve sur la route, à la recherche d'un ailleurs et d'une liberté.
La drôle d'évasion se terminera aussi subitement qu'elle a commencé à la frontière canadienne et chacun rentrera chez lui.
  
Si l'idée de départ est assez cocasse, j'ai regretté que l'auteure reste trop superficielle dans le développement de ces personnages ainsi que des situations qu'ils vivent.

Cela reste néanmoins un bon moment de lecture.






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Pour finir, j'aimerais évoquer un projet commun avec la librairie de Saint Amand Montrond "Sur les chemins du livre"et qui devrait voir le jour courant février 2013.
Organisatrice des "nuits rallongent" depuis plusieurs années, la libraire nous a proposé de  nous associer avec elle. C'est ainsi que la bibliothèque pense mettre en place un prix littéraire qui aurait pour but d'élire un des romans dans une sélection de 5 ou 6 livres. 
Rendez-vous est donné aux lecteurs intéressés sur le blog ou au prochain comité de lecture dont l'heure et la date vous seront communiqués ultérieurement.

 

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