Prix Marguerite Audoux (2013-VI) / Bacha Posh de Charlotte Erlith

 A 15 ans,  Farrukh est le barreur d'une équipe d'aviron. Son rêve est de la voir accéder aux prochains Jeux Olympiques. Immense défi d'autant plus que ce serait la première fois qu'une équipe afghane parviendrait à se hisser à ce niveau.
Pour mettre toutes les chances de son côté, Farrukh se bat pour obtenir une nouvelle embarcation plus moderne.
Mais Farrukh est également une Bacha Posh : une fille travestie en garçon le temps de sa petite enfance.
Elle n'est pas vraiment consciente de cette épée de Damoclès qui pèse sur ses épaules jusqu'au moment où victime de cette ancienne tradition, elle doit redevenir fille alors qu'elle a goûté la liberté.
Le plus dur sera de voir ses proches se détourner d'elle et notamment son père, avec qui elle passait beaucoup de temps à parler littérature, et son meilleur ami, avec qui elle partageait ses jeux.

Ce roman est très émouvant dans sa lecture. Jusqu'au bout, le lecteur espère un retournement de situation, un coup de chance pour que Farrukh puisse enfin vivre sa passion et libéré du joug masculin. Mais les occasions qui se présentent tournent court car personne ne la soutient : ni sa mère, ni ses soeurs, et suprêmes trahisons, ni son père et son meilleur ami.

Roman très dur, où il n'y a aucun espoir pour Farrukh, et au delà d'elle, pour toutes ces filles qui ont été travesties pour les besoins d'une société patriarcale : au moment de leur puberté, elles seront enfermées, coûte que coûte, niées dans leur intelligence, et dans leur existence.

Que dire également de la question d'identité ? Car, si pendant 7 ans, Farrukh a vécu en garçon, son corps n'en reste pas moins celui d'une fille. Le plus cruel est que  toute la maison le sait mais tous se voilent les yeux car cette situation est confortable. Et lorsqu'elle sera obligé d'abandonner son statut de Bacha Posh, elle n'aura aucun réconfort ; elle devra faire comme ci tout ceci n'avait été qu'une parenthèse rêvée.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter une interview de l'auteur ici

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