Prix Marguerite Audoux (2013/VII) / La fille seule dans le vestiaire des garçons d'Hubert Ben Kemoun


Ce roman est le dernier lu de la sélection du prix 2014.

Marion est une jeune collégienne tranquille, mais qui manque terriblement de confiance en soi. Lorsqu'Enzo, le coq de la classe lui mène la vie dure, elle répond par l'indifférence ou quelques piques bien senties. Ces dernières, au lieu de refroidir Enzo, ne font que le provoquer encore plus.
C'est après un échange assez virulent entre les deux que Marion perd son carnet, auquel elle tient énormément. Persuadée qu'Enzo est derrière tout cela, elle consent à le rencontrer pour la restitution de son bien ; de son côté, le garçon prend ce prétexte pour ourdir une vengeance.
A partir de ce moment là, tout dérape et échappe au contrôle des deux jeunes gens, et d'une bataille rangée va se substituer une guerre totale et insidieuse où Internet et les réseaux auront leur part à jouer.
Marion, qui ne sait plus comment réagir face à cette déferlante de violence ira jusqu'à mettre inconsciemment sa vie en danger.
Heureusement, elle trouvera du soutien pour faire face à  l'adversité et se sortir d'une situation intenable.

Ce récit m'a profondément touché. D'un fait à l'apparence anodine, d'un ado au comportement crétin, l'auteur construit  une spirale infernale qui interroge sur les motivations humaines.
Hubert Ben Kemoun sait trouver les mots justes, les articulations et les interactions entre les personnages pour nous faire vivre à l'unisson avec Marion, qu'on soit fille ou garçon.  Chacun peut se reconnaître en elle. Les personnages sont également construits avec beaucoup de subtilité : les traits de certains sont contrebalancés par les traits des autres. La logorrhée de Basile, le petit frère, est une véritable bouffée d'oxygène, qui intervient presque toujours au bon moment pour désamorcer les tensions de Marion et pour lui faire oublier le sordide de la situation.

Enfin, les thèmes du roman, le harcèlement, la vengeance et violence gratuite ainsi que les dérives des réseaux sociaux, sont habilement abordés.

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