Réseau(x) de Vincent Villeminot


 
Dans ce roman, Facebook a laissé la place à un nouveau réseau social : encore plus utilisé et partagé que le précédent, sa particularité est d'avoir une face de jour et une face de nuit, DBK et My Dark Place.
Sixtine, surnommée Sixie sur le réseau y déverse chaque matin à son réveil ses rêves et cauchemars.Ce qui  ne pourrait être qu'un exutoire électronique devient quelque chose de beaucoup plus noir lorsque des internautes mal intentionnés s'en emparent et en filment des snuff movies.
Si au début, ces films ne sont pas pris au sérieux, ils deviennent cependant le point de départ d'une vaste enquête  où Sixie est mise en cause personnellement.
Parallèlement, toutes les polices européennes sont sur les dents car dans les grandes capitoles souffle un vent de révolte suite à l'augmentation des droits d'inscriptions : de Paris à Barcelone en passant par Gênes, tous les étudiants descendent dans la rue pour manifester leur mécontentement. De leur côté, les gouvernements emploient la manière forte pour faire cesser cette insurrection : bastonnades, arrestations massives, condamnations expéditives, sont le lot quotidien de la jeunesse.
Et au dessus de la mêlée, il y a César Diaz, jeune homme devenu milliardaire grâce à un programme informatique, surnommé aussi NADA 1# et qui appelle à l'insurrection nationale. Sur les réseaux sociaux, il publie des messages, au nez et à la barbe de la brigade du cybercrime, pour appeler les insurgés et les citoyens européens à se réunir autour d'un jeu grandeur nature et potache le "play it for real", où les pouvoirs sont défiés et surtout ridiculisés. Des milliers de joueurs se rassemblent mais César Diaz passe toujours entre les mailles du filet.
Mais quel est le but secret de ces jeux ? Mettre la pagaille aux quatre coins de l'Europe comme un affreux garnement, ou bien au contraire, révéler  les secrets inavouables des États   comme un lanceur d'alerte ?
D'autant plus, que sont distillés sur la toile des informations et des fausses pistes.

Il est infiniment difficile de résumer toute la richesse des intrigues de ce roman tellement  son contenu est dense et qu'aucun temps mort  ne permet un moment de répit dans sa lecture. Le jeu permanent du chat et de la souris est extrêmement violent. Les morts sont légion et aucun camp n'est épargné.
Entre jeu macabre et course contre la montre, l'auteur happe le lecteur dans un tourbillon sans fin où la vérité ne sera libérée qu'au prix d'immenses souffrances et sacrifices. Les masques tombent un à un, mais pas ceux que nous attendions ; les certitudes s'effritent tandis que les personnages tentent de  surnager dans ce chaos. Le découpage des chapitres à la manière d'une série télévisée du type de "24H chrono" met encore un peu plus la pression sur le lecteur.
Écriture rapide et haletante, les personnages sont ballotés d'une réalité à une autre, cherchant désespérément en qui placer sa confiance et surtout, ne savant pas après quelles chimères ils courent.
Patiemment, Vincent Villeminot tisse une toile  qui se resserre petit à petit autour de ses personnages principaux.  
De même, l'univers de la toile et des réseaux est parfaitement crédible et montre aux lecteurs et internautes que nous sommes que toutes les données peuvent être manipulées. Sans crier au grand complot, le roman nous montre la vulnérabilité de ceux-ci et leur fausse illusion de liberté.

Thriller qui peut être lu aussi bien par des ados que par des adultes, la violence de certains passages le réserve cependant à un public au delà de 15 ans.



Avec l'impression d'avoir écrit cette critique en apnée comme l'a été ma lecture, je vous livre aussi ici quelques autres pistes de lectures :
-Pour les plus jeunes, tentés par cet univers virtuel, je leur conseille plutôt de débuter par les enquêtes de Logicielle, personnage né sous la plume de Christian Grenier et Golem, écriture à 6 mains de Lorris, Marie-Aude et Elvire Murrail.

- Pour un peu plus grand, vous pouvez aller voir du côté des romans de Christophe Lambert (non, non, pas l'acteur, mais l'écrivain bien connu), qui met en scène les univers virtuels sans le côté policier
- Enfin, encore pour plus grand, vous pouvez lire aussi "Je voudr@is que tu..." de Franck Andriat, et "Vibrations" de Raphaëlle Frier.



Commentaires