Je ne suis pas celle que je suis / Chadortt Djavann

Après un premier livre très remarqué par les critiques, Chardortt Djavann publie en 2011 un autre roman : Je ne suis pas celle que je suis.



L'intrigue se passe dans deux endroits et deux temps différents :
D'un côté, le lecteur se familiarise avec Donya, une jeune étudiante tout feu tout flamme, avide de liberté qui évolue dans l'Iran des années 80 où les mollahs et la Charia règnent en maîtres.
De l'autre, une jeune femme d'origine iranienne et qui vit à Paris entame une psychanalyse après une tentative de suicide : alternant entre le mutisme et la logorrhée emplie de violence, elle tente d'expliquer son existence et sa difficulté d'être.

A aucun moment le lecteur ne saura s'il a affaire avec la même femme à 20 ans de distance où au contraire si ce sont deux femmes différentes. Cependant, au fil du récit, la première hypothèse semble être la plus probable.
De ce récit à deux voix, l'une exaltée par la poursuite de la liberté et l'autre contrainte par les événements subis, amène le lecteur à prendre conscience de la difficulté d'être une femme, d'autant plus lorsqu'on nait dans une société où la femme est traitée comme une quantité négligeable et continuellement coupable.
Car, sous le coup de la fiction, l'histoire de Donya témoigne de la réalité sordide à laquelle des milliers de jeunes filles anonymes sont soumises par des régimes religieux : D'un côté, on leur permet de faire des études, mais de l'autre, elles sont fustigées parce que leur voile laisse échapper une mèche de cheveux ou qu'elles se déchaussent dans un parc.
Contrôlées, épiées partout et par tout le monde, y compris par leur famille, leurs échappatoires sont bien minces.

Malheureusement, l'exil dans un pays occidental, sera loin d'être idyllique et c'est une jeune femme brisée et  pleine de violence que le lecteur retrouve quelques années plus tard dans le cabinet de psychanalyse.

La lecture de ce roman ne peut pas laisser indifférent le lecteur que nous sommes : même si Chadortt Djavann dans ses interviews se défendait que ce livre soit autobiographique, on ne peut pas nier qu'il y ait une grande part de vérité dans la description de la jeunesse iranienne dans les années 80. En outre, l'auteur dans un grand souci d'équité n'oppose jamais les deux civilisations mais donne aux lecteurs des clés de compréhension et surtout de réflexion.


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